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monstres indiens

Solo fortement chorégraphique pour deux danseuses et un lapin dans un dispositif à miroirs.

"A six ans, je me suis inventée une autre identité.

J'étais une indienne qui arrivait d'un ailleurs très lointain,

J'avais mes rites, mes ornements, mon histoire....

De ce monde, j'ai gardé le souvenir de comment prendre mon souffle pour me remplir de noblesse. 

 

Je sais aussi déplier mes bras, furieusement, ainsi qu'une flèche transperce l'air.

Mon appui est impérial.

Mes pieds reposent sur des coussins d’air avant de presser le sol. 

Ma danse est moelleuse. Mon bassin devient l'axe mouvant.

 

Je sais alors que je peux tendre l'élastique.

 

Les MonStreS Indiens sont cachés et me mordent pendant mon sommeil.

Dès que j'ai les yeux ouverts personne ne vient,

uniquement mon autre moi,

un autre moi qui, comme dans n'importe quel rêve,

ne me ressemble pas du tout."

 

Mise en scène Etienne Cuppens

Réalisation chorégraphique Sarah Crépin & Claire Laureau 

Interprétation Sarah Crépin,  Claire Laureau ou Nicolas Chaigneau ou Marie Rual, Vincent Le Bodo

Réalisation décors Vincent le Bodo assisté de Joël Cornet, Barbara Cuppens, Pascale Le Bodo, Alexandre Xenakis

Création lumières  Christophe Olivier assisté de Benjamin Lebrun 

Musiques Margaya - The Fender Four / Ambiances naturelles - Jean-Claude Roché / Rock'nRoll - Gary Glitter/  Sukiyaki - Kuy Sakamoto / Drum battle - Gene Krupa and Buddy Rich / Christine Keeler - The Skatalites

Création Sonore Etienne Cuppens

Réalisation costumes Marion Egner 

Collaboration artistique  Christophe Morisset

Production La BaZooKa 

Coproduction Le Volcan - Scène nationale du Havre, Le Phare - Centre Chorégraphique National du Havre Normandie, Le Rive Gauche - Scène conventionnée pour la danse de Saint-Etienne-du-Rouvray

Accueils en résidence Le Moulin-Ville de Louviers, le Volcan - Scène Nationale du Havre et le Réseau Labaye (Le Dancing - Compagnie Beau Geste, Scène nationale d'Evreux Louviers, Le Phare - Centre Chorégraphique National du Havre Haute-Normandie et Le Rive Gauche - Scène conventionnée pour la danse de Saint-Etienne-du-Rouvray)

Durée  40 min

Dates précédentes

 

SAINT-ETIENNE DU ROUVRAY (76) - Le Rive Gauche - 8 et 9 nov. 2012

PONT-AUDEMER (27) - L'Éclat - 6 et 7 déc. 2013

LE HAVRE (76) - Le Volcan - Festival Pharenheit - 21 au 23 janv. 2014

CHALON-SUR-SAONE (71) - Espace des Arts - 29 au 31 janv. 2014

EVREUX/ LOUVIERS (27) - Le Forum- Scène Nationale - 20 et 21 mars 2014

FOSSES (95) - Espace Germinal - 28 et 29 mars 2014

VAL DE REUIL (27) - Théâtre des Chalands - 11 et 12 avr. 2014

LE HAVRE (76) - Le Tetris/ Z'estivales - 5 et 6 juillet 2014

SAINT-VALERY-EN CAUX (76) - Le Rayon Vert - 23 et 24 avr. 2015

PARIS (75)- Théâtre Paris-Villette/ Festival Faits-d'Hiver - 20 au 22  janvier 2017

MACON (71) - Le Théâtre - Scène Nationale - 10 et 11 mars 2018

ROUEN (76) - Maison de l'Université - 27 et 28  mars 2018

TOURS (37) - Théâtre Olympia CDNT/ Festival Ecoute voir - 18 et 19 janvier 2019

REVUE DE PRESSE

«Monstres Indiens» est une grande illusion.
Comme par magie, notre perception a été triturée.

On entre éveillé, sans effraction, dans le rêve de quelqu’un d’autre. Un rêve peuplé d’indiens, dans une forêt. Tout est organique, fluide. L’indienne, femme-enfant, femme-animal, nous livre une danse ronde, sensuelle. Elle guette, attend, écoute, se repose.

Son image se reflète indéfiniment dans l’eau des miroirs.

L’enchantement opère, l’imaginaire se met en route.

Le rêve intime de l’autre, devient peu à peu notre imaginaire commun.

Agnès Izrine - Danser

« Monstres indiens », indique le site de la compagnie La BaZooKa, est un « solo fortement chorégraphique pour deux danseuses et un lapin ». Nous voilà prévenus : Etienne Cuppens et Sarah Crépin ne se prennent pas au sérieux. Exit la danse contemporaine ultracérébrale qui laisse le spectateur, confus, à la porte. C’est dans un de ses jeux d’enfant que la danseuse et chorégraphe Sarah Crépin a puisé l’idée de départ de son solo pour deux, alors qu’à six ans elle prétendait être une Indienne nouvellement arrivée en France et ne disposant que de ses codes propres.

L’enfance, on la retrouve dans cette danse aux allures de transe chamanique face aux miroirs. Car, des quelques veinards qui auront la chance de prendre place dans un des transats installés en cercle sur la scène du théâtre, personne ne regardera directement Sarah Crépin. Le public, comme l’artiste, fait face aux miroirs. Dès lors, une dimension voyeuriste s’ajoute à la dimension enfantine du spectacle. Si Sarah Crépin évolue sur son podium avec l’énergie et l’insouciance d’un enfant qui danse dans sa chambre à l’abri du regard parental, le spectateur est libre de scruter la danseuse sous toutes les coutures grâce à un habile jeu de reflets, et ce sans avoir à soutenir son regard.

On est alors tiraillé entre deux sensations : sommes-nous autorisés à voir ce que nous voyons ? Quelles sont les limites de la pudeur ? La danse effectuée sur scène est-elle aussi innocente qu’elle le paraît ? Lorsque apparaît la seconde danseuse, surgie brutalement de sous le podium, la chorégraphie se modifie sensiblement.

Le corps prend alors conscience d’être observé par un regard extérieur et se fait plus lascif. La conscience de soi, induite par l’irruption de l’autre (et ce, qu’elle soit sollicitée ou non), provoque une brèche impossible à combler ensuite. Le corps libre de l’enfance laisse place à un corps observé, qui se contraint inconsciemment à se plier à ce qu’il ressent de l’attente de l’autre.

En l’espace de 45 minutes, le public assiste à la célébration de l’enfance et à sa mise à mort, à la naissance de la conscience de soi via le regard de l’autre, et donc au passage inévitable bien que tant redouté à l’âge adulte. Mais l’âge adulte n’exige pas que l’on renie l’enfant que l’on a été, atteste l’arrivée d’un lapin qui semble fait de morceaux de couette. L’enfant intérieur se débat encore et fait appel à un ami imaginaire pour ne pas être enterré. Peut-être faut-il alors accepter de faire la paix avec soi-même, de laisser cohabiter l’enfant ancien avec l’adulte nouveau. Si le corps physique a des limites, l’imagination, elle, n’en a pas. Voilà à quoi nous invitent Sarah Crépin et Etienne Cuppens : à renouer avec l’enfant que nous avons tous été, à s’accommoder de l’inévitable regard des autres avant de trouver le courage d’en faire fi. Et si être grands, c’était avant tout ne pas oublier que nous avons été petits ? Et si la liberté ne se perdait pas à l’âge adulte ? Et si tout ça, c’était juste dans la tête ?

Ainsi, tel est pris qui croyait prendre. C’est le voyeur qui, entraîné par Sarah Crépin, reçoit une leçon, une leçon d’indifférence au regard des autres. Car le plus important, à l’heure où le moindre de nos gestes est scruté par nos voisins, c’est d’être en accord avec soi-même.

Audrey Santacroce -  I/O gazette

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